III) L'essor du hooliganisme en France depuis 1975

 1) les problèmes de violence: 

Si le hooliganisme est un problème de société depuis 1985, la violence autour
des matches de football français n’est pas apparue à ce moment-là. Depuis les débuts du
spectacle sportif, des incidents étaient relevés çà et là. Mais ces violences sporadiques et
largement liées aux événements des matches étaient peu médiatisées et paraissaient
contrôlables et interprétables ; elles n’étaient donc pas considérées comme un trouble
grave à l’ordre public. Les premières manifestations du supportérisme
violent moderne, provoquées par des fans anglais (de Leeds à Paris en 1975, de
Manchester à Saint-Étienne en 1977) puis par des occupants du kop de Boulogne (en
particulier lors d’un France – Angleterre en 1984), avaient commencé à alerter les
amateurs de football sans pour autant rencontrer un grand écho. Du fait de l’ampleur du
drame du Heysel, la perception des débordements des supporters change complètement.

La violence des supporters est devenue un problème social en France très
précisément le 29 mai 1985. Ce jour-là, au stade du Heysel à
Bruxelles, juste avant la finale de la coupe d’Europe des clubs champions, 39 supporters
de la Juventus de Turin trouvent la mort, devant les caméras de télévision, dans un
mouvement de foule provoqué par les charges des fans anglais de Liverpool. Le
traumatisme provoqué par la tragédie du Heysel et la découverte concomitante que de
jeunes français, notamment dans la tribune Boulogne du Parc des Princes, se
considèrent eux aussi comme des hooligans font émerger le hooliganisme comme
catégorie d’interprétation des débordements autour des matches de football.

1985, c’est également le moment où des groupes de supporters plus radicaux se
développent en France. Pendant les trois quarts du XXème siècle, les amateurs français
de football se sont comportés plus en pratiquants et en spectateurs qu’en fervents
supporters , à la différence de leurs voisins allemands, britanniques,
espagnols ou italiens. Les exploits européens de Saint-Étienne marquent un premier
tournant, au milieu des années 1970. Certains publics français étaient déjà réputés
auprès des connaisseurs, mais pour la première fois avec les fans stéphanois, le rôle du
« douzième homme » est mis en avant. Progressivement, des supporters s’inspirent des
fans étrangers et stéphanois et des « kops » se constituent dans la plupart des stades
français : tiré du nom d’une tribune du stade de Liverpool, le kop est le secteur du stade
où se rassemblent les fans les plus fervents du club local.

2) quelques exemples :